Schopenhauer: le plaisir esthétique: un "calmant" | ||||
abdeslam slimani (Prof) [345 msg envoyés ] Publié le:2012-05-22 09:38:20 Lu :3253 fois Rubrique :CPGE Le plaisir esthétique, la consolation par l'art, l'enthousiasme artistique qui efface les peines de la vie, ce privilège spécial du génie qui le dédommage des douleurs dont il souffre davantage à mesure que sa conscience est plus distincte, qui le fortifie contre la solitude accablante à laquelle il est condamné au sein d'une multiplicité hétérogène, tout cela vient de ce que, comme nous le montrerons plus loin, d'une part, «l'essence» de la vie, la volonté, l'existence elle-même est une douleur constante, tantôt lamentable et tantôt terrible ; et de ce que, d'autre part, tout cela, envisagé dans la représentation pure ou dans les œuvres d'art, est affranchi de toute douleur et présente un imposant spectacle. Ce côté purement connaissable du monde, sa reproduction par l'art sous une forme quelconque, est la matière sur laquelle travaille l'artiste. Il est captivé par la contemplation de la volonté dans son objectivation ; il s'arrête devant ce spectacle, ne se lassant pas de l'admirer et de le reproduire, mais, pendant ce temps, c'est lui-même qui fait les frais de la représentation ; en d'autres termes, il est lui-même cette volonté qui s'objective et qui reste seule avec son éternelle douleur. Cette connaissance pure, profonde et vraie de la nature du monde devient elle-même le but de l'artiste de génie : il ne va pas plus loin. Aussi ne devient-elle pas, comme il arrive pour le saint, parvenu à la résignation, et que nous considérerons clans le livre suivant, un «calmant» de la volonté ; elle ne l'affranchit pas définitivement de la vie, elle ne l'en délivre que pour quelques instants bien courts : ce n'est pas encore la voie qui mène hors de la vie. Elle n'est qu'une consolation provisoire pendant la vie, jusqu'à ce qu'enfin, sentant sa force augmentée et, d'autre part, lassé de ce jeu, il en vienne aux choses sérieuses. La Sainte Cécile de Raphaël peut être prise comme symbole de ce changement.. Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1819 Sujets similaires MerciLa beauté au présent ! que faire? Impressionnant Tableau récapitulatif des chapitres 1 à 30 de «candide ou l'optimisme», de voltaire LE PERE GORIOT Vu 514 fois évaluation : la ficelle (jour de marché) Vu 762 fois évaluation : Tronc commun Vu 932 fois Le commentaire composé Vu 746 fois Anarchie Vu 410 fois Evaluation-2Bac-Candide Vu 2985 fois Travaux encadrés Vu 2157 fois
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