Qu'en est-il de la "douce moitié"?


Jaafari Ahmed (Prof) [937 msg envoyés ]
Publié le:2012-09-07 18:01:02 Lu :2479 fois
Rubrique :Cours de philosophie  
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Le féminin chez quelques philosophes arabo-islamiques
Compte redu d’une communication de Abdessamad Tamouro
Introduction
M. Abdessamad Tamouro soulève la question de la présence de la femme dans le discours philosophique. Ce discours est l’expression de l’être en soi ; le fait de ne pas parler du féminin, qui fait partie de l’être dans son sens global, est un silence existentiel parallèle au discours pensé au masculin. Donc, le « non-pensé » au féminin est inhérent au « pensé » au masculin. D’où l’intérêt de s’atteler à la tâche de déceler la présence du féminin dans la pensée philosophique, et en particulier chez les philosophes arabo-islamiques.
L’auteur commence tout d’abord par quelques remarques, à savoir que :
- Il faut distinguer entre le féminin : partie indissociable de l’être et la femme, comme sexe biologique : femelle.
- La présence des femmes citées par l’Histoire, dans les différents domaines, a toujours été tributaire d’une « caution masculine » (femme de, sœur de , fille de , collègue de , mère de..., maitresse de ….)
- Si La langue arabe n’est nullement sexiste, à la différence du français. le féminin tend plutôt à valoriser le masculin : exemple : « rajolone Dahia » qui veut dire génie,
Mais qu’en est-il de la pensée philosophique arabo-islamique ?
Développement
L’auteur commence par le constat qu’au moyen âge, l’être était pensé au masculin, des deux rives de la méditerranée.
Néanmoins, pour développer sa thèse, il s’intéresse à quatre philosophes arabes : Al Farabi (870/ 275-339 hégire), Ikhwane Assafaa X s (IV s de l’hégire), Ibn Sina (Avicenne) (980-1037/370-429 de l’hégire) et enfin Ibn Miskawayh (m. 420 de l’hégire/1030).
1- Al Farabi :
Il était, en quelque sorte, le disciple, ou l’émule d’Aristote. Comme lui, il considère la femme comme un être inférieur. Elle fait partie des propriétés animées de l’homme, au même titre que les enfants et les esclaves. Thalès qui a influencé Aristote, se félicitait d’être né humain et non animal, homme et non femme, grec et non barbare. D’ailleurs, nous retrouvons la même pensée chez Al Farabi lorsqu’il propose ses trois degrés de l’acquisition du savoir :
- Le degré des supérieurs auquel il faut tendre.
- Le degré des semblables qu’il faut devancer.
- Le degré des inférieurs auquel il faut éviter de régresser (dans ce degré, il inclut les enfants, les ignorants el les femmes)
2- Ikhwane Assafaa :
Pour ces célèbres sophistes du quatrième siècle de l’hégire, la femme fait partie de ce qu’ils appelaient les « hachwiyya » (littéralistes) dont les gens du peuple et les enfants. Pour eux, la femme ne peut dépasser le niveau de l’illusion, et donc, ne peut prétendre aux sciences exactes. Aussi conseillent-ils de contrôler les femmes à toute heure. Et si ce n’est la préservation de l’espèce, ils auraient banni le mariage.
3- Ibn Sina :
Avec ce célèbre génie « Alim » au sens premier de ce terme, c’est-à-dire, savant dans presque tous les domaines, la vision de la femme s’est beaucoup améliorée. En effet, Ibn Sina, dans son traité de la gestion de l’être (Tadbir), il intègre la femme dans la vision globale de cet « être ».Cette gestion (Sayassa) fait de la femme l’associée de l’homme dans son royaume (Charikatu hayatihi).En effet, l’homme ne peut trouver mieux que la femme pour gérer ses biens durant son absence. Et ceci, pour Ibn Sina est ce qui justifie le fondement de la famille, et par delà, de la cité. C’est cette complémentarité entre homme et femme qui est à l’origine de la société. Toutefois, la différence entre l’homme est la femme est salutaire car, pour ce philosophe, la ressemblance, conduirait à l’anéantissement de la société. Signalons que la différence dont il s’agit ici, est de l’ordre des aptitudes, et où l’homme est supérieur à la femme : « C’est un état immuable que seul Dieu peut changer. »
4- Ibn Miskawayh :
Nous retrouvons chez ce philosophe, la vision de la femme, comme faisant partie de l’être global, fondateur de l’appartenance à l’humanité. Pour lui, les gens sont égaux au niveau de l’humanité. Ils ont le mérite d’atteindre la sagesse et le savoir sans l’aide de la révélation (et en cela, il se démarque d’Ibn Sina). La différence naît du fait, que quelques-uns possèdent des qualités que d’autres en sont privés. Cependant, le philosophe ne spécifie pas quel genre d’humain (homme ou femme) peut être dépourvu de telle ou telle qualité.
Conclusion
L’auteur conclut par les enseignements tirés du passé. L’être global, c’est-à-dire l’humain, est constitué de l’homme et de la femme. L’oubli, dans lequel le côté féminin de l’humain a été plongé depuis le commencement, continue à masquer notre vision des choses. Le schéma de la pensée d’Ibn Sina, quoique novateur dans son époque, se retrouve encore dans notre siècle, puisque la vision proposée dans les manuels français au lycée, confine la femme dans son rôle de gestionnaire du foyer. Les revendications féministes qui ont arraché quelques miettes aux hommes, sont loin du compte. En effet, il ne s’agit pas d’un partage du monde, mais d’une reconquête de soi, où la femme n’est pas la moitié de l’homme, mais la moitié de l’être global, lequel est fait de masculin et de féminin. Penser le féminin c’est tout simplement penser l’humain dans sa complétude.

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