Les amours de psyché


rifai houssaine (?) [96 msg envoyés ]
Publié le:2009-11-14 16:01:48 Lu :2651 fois
Rubrique :  

La jalousie de Vénus :
«Mon fils, dit-elle, en lui baisant les yeux,
La fille d'un mortel en veut à ma puissance.
Elle a juré de me chasser des lieux
Où l'on me rend obéissance
Et qui sait si son insolence
N'ira pas jusqu'au point de me vouloir ôter
Le rang que dans les cieux je pense mériter ?
Paphos n'est plus qu'un séjour importun
Des Grces et des Ris la troupe m'abandonne ;
Tous les Amours, sans en excepter un,
S'en vont servir cette personne.
Si Psyché veut notre couronne,
Il faut la lui donner ; elle seule aussi bien
Fait en Grèce à présent votre office et le mien. [.]
On pourrait lire, d'après le discours de Vénus, une plainte suscitée par la jalousie. Cette jalousie pourrait s'appliquer à Louis XIV. Elle porte sur la beauté physique d'une personne dans ce passage, comme elle peut porter sur la beauté architecturale d'un édifice.
Nous savons que Nicolas Fouquet, surintendant des Finance de Louis XIV, a construit le chteau de Vaux-le-Vicomte entre 1656 et 1661. Pour son édification, Fouquet fait appel à trois talentueux artistes : L'architecte Louis le Vaux, le jardinier ou le paysagiste André Le Nôtre et le peintre Charles Le Brun. Ce projet a coûté la démolition de trois villages. Ce chteau est devenu le siège des fêtes les plus prisées de la France, notamment celle du 17 août 1661 en l'honneur du roi Louis XIV. Cette fête précipita la disgrce du surintendant des Finances. Le roi considère cette somptueuse fête comme un affront (aussi le motif de son attitude à l'égard de Mlle Louise de La Vallière, maîtresse du roi et le détournement de fonds).
Immédiatement après cet événement, Louis XIV entreprend l'innovation du chteau de Versailles à l'image du chteau de Vaux-le-Vicomte, avec quelques «personnalisations»(le symbole du Soleil). Ce roi réunit, comme par hasard, la même équipe d'artistes (Les trois créateurs du chteau de Vaux-le-Vicomte) et l'ingénieur des eaux François Francine. La superficie du chteau vaut le rasage de trois villages, la même que celui de Fouquet.
Nous pourrions dire que Louis XIV a compris le pouvoir de la propagande par le moyen de l'art. Pour cette raison, il devient le mécène des arts et des artistes.
N.B : Vénus (déesse) se sent rabaisser au statut d'être humain, comme le roi Soleil, qui se croit le représentant de Dieu sur terre, se sent inférieur par rapport au rayonnement de Nicolas Fouquet.
(Éventuelle piste de lecture pour ce passage)
Jean de La Fontaine, Les Amours de Psyché, édition, Livre de Poche, LGF, 1991, page 69.
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Réponse N°11 1984

Élégie aux Nymphes de Vaux
Par rifai houssaine(CS)le 2009-11-22 14:38:47

Pour M. Fouquet

Remplissez l'air de cris en vos grottes profondes ;

Pleurez, Nymphes de Vaux, faites croître vos ondes,

Et que l'Anqueuil enflé ravage les trésors

Dont les regards de Flore ont embelli ses bords

On ne blmera point vos larmes innocentes ;

Vous pouvez donner cours à vos douleurs pressantes :

Chacun attend de vous ce devoir généreux ;

Les Destins sont contents : Oronte est malheureux.

Vous l'avez vu naguère au bord de vos fontaines,

Qui, sans craindre du Sort les faveurs incertaines,

Plein d'éclat, plein de gloire, adoré des mortels,

Recevait des honneurs qu'on ne doit qu'aux autels.

Hélas ! qu'il est déchu de ce bonheur suprême !

Que vous le trouveriez différent de lui-même !

Pour lui les plus beaux jours sont de secondes nuits

Les soucis dévorants, les regrets, les ennuis,

Hôtes infortunés de sa triste demeure,

En des gouffres de maux le plongent à toute heure.

Voici le précipice où l'ont enfin jeté

Les attraits enchanteurs de la prospérité !

Dans les palais des rois cette plainte est commune,

On n'y connaît que trop les jeux de la Fortune,

Ses trompeuses faveurs, ses appts inconstants ;

Mais on ne les connaît que quand il n'est plus temps.

Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles,

Qu'on croit avoir pour soi les vents et les étoiles,

Il est bien malaisé de régler ses désirs ;

Le plus sage s'endort sur la foi des Zéphyrs.

Jamais un favori ne borne sa carrière ;

Il ne regarde pas ce qu'il laisse en arrière ;

Et tout ce vain amour des grandeurs et du bruit

Ne le saurait quitter qu'après l'avoir détruit.

Tant d'exemples fameux que l'histoire en raconte

Ne suffisaient-ils pas, sans la perte d'Oronte ?

Ah ! si ce faux éclat n'eût point fait ses plaisirs,

Si le séjour de Vaux eût borné ses désirs,

Qu'il pouvait doucement laisser couler son ge !

Vous n'avez pas chez vous ce brillant équipage,

Cette foule de gens qui s'en vont chaque jour

Saluer à longs flots le soleil de la Cour :

Mais la faveur du Ciel vous donne en récompense

Du repos, du loisir, de l'ombre, et du silence,

Un tranquille sommeil, d'innocents entretiens ;

Et jamais à la Cour on ne trouve ces biens.

Mais quittons ces pensers : Oronte nous appelle.

Vous, dont il a rendu la demeure si belle,

Nymphes, qui lui devez vos plus charmants appts,

Si le long de vos bords Louis porte ses pas,

Tchez de l'adoucir, fléchissez son courage.

Il aime ses sujets, il est juste, il est sage ;

Du titre de clément rendez-le ambitieux :

C'est par là que les rois sont semblables aux dieux.

Du magnanime Henri qu'il contemple la vie :

Dès qu'il put se venger il en perdit l'envie.

Inspirez à Louis cette même douceur :

La plus belle victoire est de vaincre son coeur.

Oronte est à présent un objet de clémence ;

S'il a cru les conseils d'une aveugle puissance,

Il est assez puni par son sort rigoureux ;

Et c'est être innocent que d'être malheureux.

Poème écrit en 1661, suite à l'arrestation de Fouquet, son ancien protecteur.

Vous pouvez regarder le film : Jean de La Fontaine, Le défi.




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