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Lecture: Le sens de la mort et de l'écriture dans les trois oeuvres au programme de la 1ère année du baccalauréat Par: Lahoussine EL HOUSSAINI Phase I: Sens de l'acte d'écrire et sens de la mort oeuvres au programme
| Ahmed Sefrioui, La boîte à merveilles, éd. du Seuil, 1954 | Jean Anouilh, Antigone, éd. La Table Ronde, 1944 | Victor Hugo, Le dernier jour d'un condamné, 1829 | Passages
| «J'avais peut-être six ans. Ma mémoire était une cire fraîche et les moindres événements s'y gravaient en images ineffaçables. Il me reste cet album pour égayer ma solitude, pour me prouver à moi-même que je ne suis pas encore mort » (ChapitreI)
| Antigone Non. Je voudrais seulement que tu remettes une lettre à quelqu'un quand je serai morte. (p112) [.] Antigone Et Créon avait raison, c'est terrible, maintenant, à côté de cet homme (le garde), je ne sais plus pourquoi je meurs. J'ai peur. (p.115)
| Que ce que j'écris ici puisse être un jour utile à d'autres, que cela arrête le juge prêt à juger, que cela sauve des malheureux, innocents ou coupables, de l'agonie à laquelle je suis condamné, pourquoi? à quoi bon? qu'importe? Quand ma tête aura été coupée, qu'est-ce que cela me fait qu'on en coupe d'autres? Est-ce que j'y aurai monté! je vous demande un peu ce qui m'en reviendra. | Pourquoi écrire
| -Egayer la solitude, c'est-à-dire échapper à l'ennui au moyen d'une communication différée. - Echapper à la mort ( la mort symbolique) - Jeu, distraction | -Ecrire à l'amant pour se confesser - Ecrire un «testament», exprimer ses dernières volontés - Faire des aveux
| - Servir les autres - Sauver des vies à l'avenir - Faire réfléchir les juges
| Sens de l'écriture | L'écriture est une raison de vivre personnelle. | L'écriture est une confession | L'écriture est un engagement social | Redéfinition de la mort | Mort = s'abstenir d'écrire | Réalité terrible Fatalité Non sens, l'absurde | Sacrifice Altruisme | Phase II: Sens et nature de la mort oeuvres au programme | Ahmed Sefrioui, La boîte à merveilles, éd. du Seuil, 1954 | Jean Anouilh, Antigone, éd. La Table Ronde, 1944 | Victor Hugo, Le dernier jour d'un condamné, 1829 | Passages
| «Une vieille négresse [.] imposa silence aux femmes. - Je sais qui est mort, répéta à plusieurs reprises la vieille esclave: Sidi Mohammed ben Tahar, le coiffeur. Il était malade depuis deux mois. [.]Ma mère descendit dans la chambre, elle remonta, la tête enveloppée dans une légère couverture. Elle dit à Rahma: -Je vais passer par-dessus le mur, cela me fera du bien d'aller pleurer un peu. -Mé, lui dis-je, emmène-moi, je veux moi aussi, pleurer un peu. -Non, décida ma mère, tu es encore trop jeune et puis tu es un garçon. Tout à l'heure, les récitateurs du Coran viendront psalmodier et tu pourras te joindre à eux. -Je veux pleurer! Je veux pleurer! insistai-je. -Attrape et pleure pour de bon. Cette phrase fut accompagnée d'un soufflet magistral. [.] Je trouvai là Zineb. Elle déployait de vains efforts pour faire comme les autres, se frottait les yeux, mais aucune larme n'en coulait. Ils étaient toujours aussi secs et aussi brillants que quand elle me faisait quelque misère. Je la regardai un moment et d'un mouvement aussi prompt qu'inattendu, je lui envoyai un coup de poing sur le nez. Des torrents de larmes lui inondèrent le visage. Ses cris dominèrent le tumulte. Je me sauvai sur la terrasse.² (ChapitreV) | Antigone Je veux bien mourir, mais pas qu'ils me touchent! (p.56) Créon Pourquoi fais-tu ce geste, alors? Pour les autres, pour ceux qui y croient? Pour les dresser contre moi? Antigone Non. Créon Ni pour les autres, ni pour ton frère? Pour qui alors? Antigone Pour personne. Pour moi. (p.73) Antigone Tu crois qu'on mal pour mourir? Le garde Je ne peux pas vous dire. Pendant la guerre, ceux qui étaient touchés au ventre, ils avaient mal. Moi, je n'ai jamais été blessé. Et, d'un sens, ça m'a nui pour l'avancement. Antigone Comment vont-ils me faire mourir? (p.111) Antigone Je ne sais plus pourquoi je meurs. (p.115)
| Quoi!le soleil, le printemps, les champs pleins de fleurs, les oiseaux qui s'éveillent le matin, les nuages, les arbres, la nature, la liberté, la vie, tout cela n'est plus à moi! Ah! c'est moi qu'il faudrait sauver! - Est-il bien vrai que cela ne se peut, qu'il faudra mourir demain, aujourd'hui peut-être, que cela est ainsi? Ô Dieu! l'horrible idée à se briser la tête au mur de son cachot! (Chapitre VII)
| Age des protagonistes | Enfant | Préadolescente | Adulte
| Sens de la mort
| La mort est une activité ludique abstraite (jeu), un idéal. Elle respecte la logique du temps biologique. C'est une continuité de la viedans l'au-delà.
| La mort est une distribution préalable des rôles, un choc inéluctable. C'est une fatalité | La mort est une dépossession matérielle au sens général du terme. C'est une rupture avec la vie: une ruine. | Nature de la mort | Naturelle ( biologique) Soumise aux lois de la nature | Imposée Soumise aux lois divines | Imposée Soumises aux lois sociales | Synthèse: Comme on a pu le constater, l'acte d'écrire est déterminé par les besoins de l'esprit à un moment donné: chasser l'ennui, emprisonner les moments, communiquer, persuader, partager ses émotions, ses sensations et/ou sentiments, .etc. Quant à nos idées, nos convictions et notre vision du monde, elles sont déterminées, en général, par l'époque et la culture auxquelles nous appartenons. Ainsi, dans une société païenne, telle que la Grèce antique, les héros étaient toujours en lutte avec des forces qui les dépassent telle que la mort. Dans les sociétés chrétiennes, notamment la France du XIXème siècle, l'acte de faire mourir est considéré par les écrivains humanistes comme ressort de Dieu et non de la société. Alors que dans les sociétés musulmanes comme la Maroc, bien que la mort provoque le chagrin, mais elle est considérée comme une transition vers une autre vie meilleure.
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Réponse N°11 19977 Du beau travail. Par Samira Yassine(CS)le 2012-04-17 12:54:17
Un tel travail synthétique est très important surtout que le moment des révisions arrive et nous avons besoin de ce genre de travaux pour faire la synthèse et travailler en production écrite quelques thèmes communs aux trois oeuvres.
Sincères remerciements cher collègue,
Réponse N°12 19979 C'est du travail réféchi! Par Jeafari Ahmed(CS)le 2012-04-17 15:47:52
C'est bien mené, M.EL Houssaïni. Merci pour le partage!
Réponse N°13 20019 bravo... Par mortada majid(CS)le 2012-04-17 21:08:57
c'est vrai qu'un tel travail mérite d'être partagé.
Sincères remerciements
Réponse N°14 20022 Bravo Par Dounia Azouz(CS)le 2012-04-18 12:45:14
Un travail de qualité. Merci d'avoir accepté de le partager avec d'autres. Si je peux me permettre une modeste réflexion: la mort donne sens à la vie. Elle nous fait sentir notre impuissance à décider du moment et du lieu de départ pour un au-delà. Elle nous pousse à réfléchir à nos agissements. Parfois, la mort est une renaissance au quotidien lorsque l'individu prend conscience de son existence, de son rôle. Dans la pensée musulmane, la notion d'écriture est omniprésente: "maktoub" c'est écrit. L'écriture est cette espèce de compromis, de "contrat" (excusez le terme) que l'homme accepte avant sa naissance. Le jour du Jugement, ne porterons-nous pas chacun autour du cou un livre dressant tous nos actes? Encore une fois merci à vous: votre acte d'écrire a donné naissance à un autre acte d'écrire si modeste soit-il.
Réponse N°15 20028 Réaction Par ELHOUSSAINI Lahoussine(CS)le 2012-04-18 14:04:10
Une petite correction:
...bien que la mort provoque le chagrin, elle est considérée comme une transition vers une autre vie meilleure.
Merci chers collègues pour vos encouragements.
Je pense que devons amener nos élèves à réfléchir sur les notions et les concepts que nous leur apprenons. Sans cette réflexion l'apprentissage serait pur abêtissement de l'apprenant.
A propos de la mort, je vois qu'elle est abordée dans les trois oeuvres sous trois angles différents: tragi-comique ( humour noir) pour Sidi Mohammed puisque la mort est utilisée comme prétexte pour rire de l'excès de zèle de l'enfant qui profite de la situation pour régler ses différends avec Zineb. Tragique pour Antigone, dont l'ge ( pré-adolescente) ne permet pas d"en saisir le sens (Je ne sais plus pourquoi je meurs. (p.115)") . Dramatique pour le condamné car, si la possibilité de la grce est écartée, il espère tout de même sauver des vies humaines.
Quelle position doivent prendre nos élèves surtout que la mort, très médiatisée, est devenue une quotidienne et même banale?????
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