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OMARI Abdellatif (Prof)
Le Bourgeois et les formes du comique
Remarque: Il s'agit d'une tentative de leçon adaptĂ©e au niveau des troncs communs. Les Ă©lĂšves, Ă travers l'Ă©tude du Bourgeois gentilhomme, doivent ĂȘtre amenĂ©s Ă se doter, d'abord des caractĂ©ristiques d'un genre, Ă savoir le genre «théùtral» (premiĂšre sĂ©quence), ensuite des caractĂ©ristiques d'une forme de théùtre, Ă savoir «la comĂ©die», et principalement «les formes du comique» (deuxiĂšme sĂ©quence). L'esprit du programme qui opte pour une dĂ©marche progressive, vise Ă doter les Ă©lĂšves de ce niveau (tronc commun) d'une connaissance du monde du comique et de ses rouages avant de les doter, en premiĂšre annĂ©e qualifiant, d'un savoir du monde tragique et de ses valeurs. -
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- 1-Le comique de caractĂšre
. ManiĂšre d'ĂȘtre ou d'agir qui distingue un individu ou un groupe, le ridicule peut Ă©maner de la vie intĂ©rieure du personnage, de sa façon d'agir, de parler, selon son Ăąge, ses passions, sa condition sociale, son sexeâŠ, d'oĂč l'impression du mĂ©canique plaquĂ© sur l'humain. . . Jourdain a le caractĂšre du bourgeois grossier qui veut se faire passer pour un noble. La peinture des traits de son caractĂšre Ă travers son comportement, ses paroles et Ă travers le point de vue d'autres personnages, laissent entrevoir le ridicule de sa personne:
ActeI
. ScĂšne1: sot, stupide, ignorant, un homme dont les lumiĂšres sont petites, qui parle Ă tort et Ă travers de toutes choses, n'applaudit qu'Ă contre-senset n'a du discernement que dans sa bourse; Jourdain est allĂ© mettre en tĂȘte des visions de noblesse et de galanterie.
. ScĂšne2: le mot «drĂŽlerie», lancĂ© machinalement Ă propos de la comĂ©die ballet que prĂ©parent les deux artistes; ses expressions: «c'est que je me fais habiller aujourd'hui comme les gens de qualité», «vous me verrez Ă©quipĂ© comme il faut, depuis les pieds jusqu'Ă la tĂȘte»,«Rien. C'est pour voir si vous m'entendez bien», «je voudrais que vous la pussiez ragaillardir par-ci par-là »,«c'est sans avoir appris la musique», «je trouve cela bien troussé»;la chanson vulgaire qu'il s'est mis Ă chanter (Je croyais Janneton, plus douce qu'un moutonâŠ); ses gestes, rendus par la didascalie, en entrouvrant sa robe; tout cela attire l'attention sur la grossiĂšretĂ©, l'ignorance et le ridicule du caractĂšre du personnage.
- 2-Le comique de moeurs
Actes I et II
. En faisant de Jourdain un bourgeois grossier qui veut se faire passer pour un noble, l'auteur fait parallĂšlement la satire des moeurs de la sociĂ©tĂ© aristocratique et de celle bourgeoise de son Ă©poque. Est noble celui qui comprend la musique, la danse, la philosophie; sait manier les armes, s'habiller de telle maniĂšre, sait faire la rĂ©vĂ©rence en saluant une dame, sait ouvrir la bouche et Ă©carter les lĂšvres en parlant, sait Ă©crire des mots galants Ă sa dame; il a de l'inclination pour les belles choses, un concert tous les mercredis ou tous les jeudisâŠde mĂȘme, est bourgeois celui qui est grotesque et grossier, ignorant tout, non seulement les bonnes maniĂšres, mais toutes les sciences et toute la morale, et il n'a du discernement que dans sa bourse, croyant que son argent peut redresser les jugements de son esprit.
- 3-Le comique de gestes et de mouvements
Acte II (scĂšne2)
. En regardant Monsieur Jourdain en cadence ou maniant une arme, tout en remuant les Ă©paules, dressant le corps, Ă©cartant les jambes, se penchant sur la cuisse, la main gauche Ă la hauteur de l'oeil, les pieds sur une mĂȘme ligneâŠ., nous pouvons imaginer la part de l'automatisme dĂ©gagĂ©e de sa personne tout en contrefaisant le danseur ou le maĂźtre d'arme, c'est tout un mĂ©lange du grotesque, de la caricature, de la charge et de la difformitĂ© que reprĂ©sente le personnage.
- 4-Le comique de mots:Pur jeu de langage
Acte I (scĂšne2), Acte II (scĂšne4), Acte V (scĂšne1 et scĂšne derniĂšre)
âL'inversion:l'ordre des constituants de la phrase est inversĂ©
Ainsi, la phrase «belle Marquise, vos yeux me font mourir d'amour», devient«vos yeux beaux d'amour, me font, belle marquise» ou bien «vos yeux beaux d'amour me font, belle marquise, mourir» (acte II, scÚne4)
-la rĂ©pĂ©tition:expression qui revient et devient automatique et mĂ©canique ex: A travers plusieurs scĂšnes , l'expression «fait faire»(« j'ai fait faireâŠÂ», «je me suis fait faireâŠÂ» et l'expression «de qualité» («les personnes de qualitĂ©âŠÂ», «les gens de qualitĂ©âŠÂ» reviennent comme un leitmotiv par la bouche de Jourdain; de mĂȘme, dans une mĂȘme scĂšne (acte V, derniĂšre scĂšne), l'expression «Ah! Que de bruit!» devient mĂ©canique
- -Expression prise au propre alors qu'elle est employée au figuré
ex: Le mot «écolier», employé par maßtre de musique dans un sens figuré ( un jeune qui a appris le métier), est pris par Jourdain dans son sens propre, c'est-à dire dans le sens d'un élÚve de l'école (acte I, scÚne2)
- -Interférence (calembour): confusion sur le son ou sur le sens
. Jourdain emploie le mot «Paladin » dans la phrase suivante: «Mamamouchi, c'est-à dire, en notre langue, Paladin», et qui signifie «chevalier errant du moyen ùge à la recherche de prouesses». Mais Madame Jourdain, qui ne connaßt que le mot «Baladin», qui signifie danseur de ballet, comédien ambulant», répond:«Baladin! Etes-vous en ùge de danser des ballets»(acte V, scÚne1)
- 5-Le comique de situation
Acte I, scĂšne1; acte II ,scĂšne4; acte III, scĂšne16;acte IV
-Le personnage fantoche, qui se croit libre, n'est qu'une marionnette aux mains d'un autre qui s'en amuse:
D'aprÚs la conversation de maßtre de musique et de maßtre de danse, Jourdain parait effectivement comme un pantin à leurs mains: «nous avons trouvé ici un homme comme il nous le faut à tous deux; ce nous est une douce rente que ce monsieur Jourdain», «ce bourgeois ignorant nous vaut mieux, comme vous voyez, que le grand seigneur éclairé qui nous a introduits ici» , «En tout cas, il nous donne moyen de nous faire connaßtre dans le monde, et il payera pour les autres ce que les autres loueront pour lui» (acte I, scÚne1)
Mais Jourdain, ne se constitue vraiment marionnette qu' entre les mains de la marquise DorimÚne et le comte Dorante. Les deux nobles qui cherchent à vider la bourse de Monsieur Jourdain, le laisse agir comme un homme libre en lui faisant des compliments pour tous ses gestes et paroles bouffons, mais ils s'en amusent par des expressions qui suggÚrent le contraire de ce qu'ils veulent dire: «Madame , monsieur Jourdain sait son monde», « Galant homme tout à fait», «j'ai beaucoup d'estime pour lui» (acte III, scÚne16, acte IV)
-La rĂ©pĂ©tition: une situation revient malgrĂ© les efforts des personnages pour lui Ă©chapper: Dans la scĂšne 4, acte II , un accrochage a eu lieu entre maĂźtre de musique, maĂźtre de danse, maĂźtre d'armes, d'une part, et maĂźtre de philosophie ,d'autre part .Monsieur Jourdain fait un effort pour arrĂȘter le combat, mais la situation revient et devient cocasse par les coups qui pleuvent, et c'est lĂ une autre forme du comique. -L'inversion: c'est le voleur volĂ© (Ă notre connaissance, la situation est absente dans la piĂšce)
âle quiproquo:
- Acte V( scĂšnes 5 et 6)
- Lucille, Madame Jourdain et particuliÚrement Monsieur Jourdain prennent Cléonte déguisé pour le fils du Grand turc
- 6-Le comique de forme
Il s'agit de difformer une personne en grossissant les traits de l'original (charge) ou en simplifiant en isolant un trait qu'on grossit et rend envahissant (caricature).
DÚs l'acte I, scÚne1, Monsieur Jourdain, en s'habillant avec les habits des nobles et étant en mouvement, il parait complÚtement difformé comme un clown ou un guignol. Il faut également le voir entrain d'articuler les voyelles, ses mùchoires isolés (acte II, scÚne4) pour voir le cÎté risible et grotesque du personnage.
- 7- Le burlesque: jeu de décalage
- -L'un des procédés du burlesque consiste à parler en termes grossiers ou archaïques des choses nobles et sérieuses ou à l'inverse parler en termes nobles des choses vulgaires.
Ex: Jourdain, à propos de la comédie ballet (art sérieux) que préparent M.de musique et M.de danse, emploie les termes les plus vulgaires et les plus grossiers: drÎleries, ragaillardir, troussé, trémoussé⊠(acte1)
-Un autre procĂ©dĂ© consiste Ă des façons d'agir isolĂ©es de l'objet sĂ©rieux auquel l'usage les rattache. Ex: MaĂźtre de musique, maĂźtre de danse et maĂźtre de philosophie sont des travestis, prenant le masque des artistes et des philosophes malgrĂ© eux. Les deux premiers parlent des beaux-arts, de la gloire, de la beautĂ©, du goĂ»t, etc, de façon sĂ©rieuse comme s'ils sont de vrais artistes, inconscients de leur difformitĂ© et de la dĂ©formation par leurs propos de la nature des choses dont ils parlent. Les mots vulgaires qu'ils emploient «chatouillantes, rĂ©galer, repais, sots, stupideâŠ) paraissent de fausses notes Ă l'univers de l'art .Quant Ă maĂźtre de philosophie, ce n'est qu'un autre Pangloss, transformĂ© en pantin philosophique, en pĂ©dant absurde.
- -Une autre forme du burlesque consiste Ă caricaturer et Ă travestir les individus en humanisant les dieux ou en animalisant les humains
- L'un des intĂ©rĂȘts du burlesque est la satire sociale.
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Réponse N°11 20761 Application : Acte 1 ScÚnes II et III
Par Idoubiya Rachid(Inspecteur)le 2012-05-02 11:15:50
C'est du travail remarquable...
Voilà deux scÚnes que j'ai données en application pour les formes de comiques. Je vais essayer d'envoyer les analyses faites avec mes élÚves dans ce sens.
Merci pour le partage cher OMARI Abdellatif.
ScĂšnes II
MAĂTRE DâARMES, MAĂTRE DE MUSIQUE, MAĂTRE Ă DANSER, MONSIEUR JOURDAIN, DEUX LAQUAIS.
MAĂTRE DâARMES, aprĂšs lui avoir mis le fleuret Ă la main.- Allons, Monsieur, la rĂ©vĂ©rence. Votre corps droit. Un peu penchĂ© sur la cuisse gauche. Les jambes point tant Ă©cartĂ©es. Vos pieds sur une mĂȘme ligne. Votre poignet Ă lâopposite de votre hanche. La pointe de votre Ă©pĂ©e vis-Ă -vis de votre Ă©paule. Le bras pas tout Ă fait si Ă©tendu. La main gauche Ă la hauteur de lâĆil. LâĂ©paule gauche plus quartĂ©e [i] . La tĂȘte droite. Le regard assurĂ©. Avancez. Le corps ferme. Touchez-moi lâĂ©pĂ©e de quarte, et achevez de mĂȘme. Une, deux. Remettez-vous. Redoublez de pied ferme. Un saut [6] en arriĂšre. Quand vous portez la botte [7] , Monsieur, il faut que lâĂ©pĂ©e parte la premiĂšre, et que le corps soit bien effacĂ©. Une, deux. Allons, touchez-moi lâĂ©pĂ©e de tierce, et achevez de mĂȘme. Avancez. Le corps ferme. Avancez. Partez de lĂ . Une, deux. Remettez-vous. Redoublez. Un saut [8] en arriĂšre. En garde, Monsieur, en garde.
Le MaĂźtre dâarmes lui pousse deux ou trois bottes, en lui disant, "En garde".
MONSIEUR JOURDAIN.- Euh ?
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Vous faites des merveilles.
MAĂTRE DâARMES.- Je vous lâai dĂ©jĂ dit ; tout le secret des armes ne consiste quâen deux choses, Ă donner, et Ă ne point recevoir : et comme je vous fis voir lâautre jour par raison dĂ©monstrative, il est impossible que vous receviez, si vous savez dĂ©tourner lâĂ©pĂ©e de votre ennemi de la ligne de votre corps ; ce qui ne dĂ©pend seulement que dâun petit mouvement du poignet ou en dedans, ou en dehors.
MONSIEUR JOURDAIN.- De cette façon donc un homme, sans avoir du cĆur [9] , est sĂ»r de tuer son homme, et de nâĂȘtre point tuĂ©.
MAĂTRE DâARMES.- Sans doute. Nâen vĂźtes-vous pas la dĂ©monstration ?
MONSIEUR JOURDAIN.- Oui.
MAĂTRE DâARMES.- Et câest en quoi lâon voit de quelle considĂ©ration nous autres nous devons ĂȘtre dans un Ătat [10] , et combien la science des armes lâemporte hautement sur toutes les autres sciences inutiles, comme la danse, la musique, la...
MAĂTRE Ă DANSER.- Tout beau, Monsieur le tireur dâarmes. Ne parlez de la danse quâavec respect.
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Apprenez, je vous prie, Ă mieux traiter lâexcellence de la musique.
MAĂTRE DâARMES.- Vous ĂȘtes de plaisantes gens, de vouloir comparer vos sciences Ă la mienne !
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Voyez un peu lâhomme dâimportance !
MAĂTRE Ă DANSER.- VoilĂ un plaisant animal, avec son plastron !
MAĂTRE DâARMES.- Mon petit maĂźtre Ă danser, je vous ferais danser comme il faut. Et vous, mon petit musicien, je vous ferais chanter de la belle maniĂšre.
MAĂTRE Ă DANSER.- Monsieur le batteur de fer, je vous apprendrai votre mĂ©tier.
MONSIEUR JOURDAIN, au MaĂźtre Ă danser.- Ătes-vous fou de lâaller quereller, lui qui entend la tierce et la quarte, et qui sait tuer un homme par raison dĂ©monstrative ?
MAĂTRE Ă DANSER.- Je me moque de sa raison dĂ©monstrative, et de sa tierce, et de sa quarte.
MONSIEUR JOURDAIN.- Tout doux, vous dis-je.
MAĂTRE DâARMES.- Comment ? petit impertinent.
MONSIEUR JOURDAIN.- Eh mon MaĂźtre dâarmes.
MAĂTRE Ă DANSER.- Comment ? grand cheval de carrosse.
MONSIEUR JOURDAIN.- Eh mon MaĂźtre Ă danser.
MAĂTRE DâARMES.- Si je me jette sur vous...
MONSIEUR JOURDAIN.- Doucement.
MAĂTRE Ă DANSER.- Si je mets sur vous la main...
MONSIEUR JOURDAIN.- Tout beau.
MAĂTRE DâARMES.- Je vous Ă©trillerai dâun air...
MONSIEUR JOURDAIN.- De grĂące.
MAĂTRE Ă DANSER.- Je vous rosserai dâune maniĂšre...
MONSIEUR JOURDAIN.- Je vous prie.
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Laissez-nous un peu lui apprendre Ă parler.
MONSIEUR JOURDAIN.- Mon Dieu. arrĂȘtez-vous.
SCĂNE III
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE, MAĂTRE DE MUSIQUE, MAĂTRE Ă DANSER, MAĂTRE DâARMES, MONSIEUR JOURDAIN, LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN.- HolĂ , Monsieur le philosophe, vous arrivez tout Ă propos avec votre philosophie. Venez un peu mettre la paix entre ces personnes-ci.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Quâest-ce donc ? Quây a-t-il, Messieurs ?
MONSIEUR JOURDAIN.- Ils se sont mis en colĂšre pour la prĂ©fĂ©rence de leurs professions, jusquâĂ se dire des injures, et en vouloir venir aux mains.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- HĂ© quoi, Messieurs, faut-il sâemporter de la sorte ? et nâavez-vous point lu le docte traitĂ© que SĂ©nĂšque a composĂ©, de la colĂšre ? Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux, que cette passion, qui fait dâun homme une bĂȘte fĂ©roce ? et la raison ne doit-elle pas ĂȘtre maĂźtresse de tous nos mouvements ?
MAĂTRE Ă DANSER.- Comment, Monsieur, il vient nous dire des injures Ă tous deux, en mĂ©prisant la danse que jâexerce, et la musique dont il fait profession ?
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Un homme sage est au-dessus de toutes les injures quâon lui peut dire ; et la grande rĂ©ponse quâon doit faire aux outrages, câest la modĂ©ration, et la patience.
MAĂTRE DâARMES.- Ils ont tous deux lâaudace, de vouloir comparer leurs professions Ă la mienne.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Faut-il que cela vous Ă©meuve ? Ce nâest pas de vaine gloire, et de condition [11] , que les hommes doivent disputer entre eux ; et ce qui nous distingue parfaitement les uns des autres, câest la sagesse, et la vertu.
MAĂTRE Ă DANSER.- Je lui soutiens que la danse est une science Ă laquelle on ne peut faire assez dâhonneur.
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Et moi, que la musique en est une que tous les siĂšcles ont rĂ©vĂ©rĂ©e.
MAĂTRE DâARMES.- Et moi, je leur soutiens Ă tous deux, que la science de tirer des armes, est la plus belle et la plus nĂ©cessaire de toutes les sciences.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Et que sera donc la philosophie ? Je vous trouve tous trois bien impertinents, de parler devant moi avec cette arrogance ; et de donner impudemment le nom de science Ă des choses que lâon ne doit pas mĂȘme honorer du nom dâart, et qui ne peuvent ĂȘtre comprises que sous le nom de mĂ©tier misĂ©rable de gladiateur, de chanteur, et de baladin !
MAĂTRE DâARMES.- Allez, philosophe de chien.
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Allez, belĂźtre [12] de pĂ©dant.
MAĂTRE Ă DANSER.- Allez, cuistre fieffĂ©.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Comment ? marauds que vous ĂȘtes...
Le philosophe se jette sur eux, et tous trois le chargent de coups, et sortent en se battant.
MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- InfĂąmes ! coquins ! insolents !
MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.
MAĂTRE DâARMES.- La peste lâanimal !
MONSIEUR JOURDAIN.- Messieurs.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Impudents !
MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.
MAĂTRE Ă DANSER.- Diantre soit de lâĂąne bĂątĂ© !
MONSIEUR JOURDAIN.- Messieurs.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- ScĂ©lĂ©rats !
MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le philosophe.
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Au diable lâimpertinent.
MONSIEUR JOURDAIN.- Messieurs.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Fripons ! gueux ! traĂźtres ! imposteurs !
Ils sortent.
MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le Philosophe, Messieurs, Monsieur le Philosophe, Messieurs, Monsieur le Philosophe. Oh battez-vous tant quâil vous plaira, je nây saurais que faire, et je nâirai pas gĂąter ma robe pour vous sĂ©parer. Je serais bien fou, de mâaller fourrer parmi eux, pour recevoir quelque coup qui me ferait mal.
Réponse N°12 20769 Merci
Par LOUMATINE Abderrahim(Prof)le 2012-05-02 13:03:43 salam;
Merci pour le partage M. Omari.
Merci Ă vous aussi M.Idoubiya.
Réponse N°13 20774 Précieuse contribution
Par Dounia Azouz(CS)le 2012-05-02 13:19:05
C'est bien expliqué et bien illustré. Votre contribution aide à mieux appréhender la notion de comique. Maintenant à nous d'amener les élÚves à utiliser certains procédés comiques dans des
situations qui s'y prĂȘtent bien entendu.
Merci Ă vous.
Réponse N°14 20949 3-Le comique de gestes et de mouvements...
Par Idoubiya Rachid(Inspecteur)le 2012-05-06 00:43:17
MAĂTRE DâARMES, aprĂšs lui avoir mis le fleuret Ă la main.- Allons, Monsieur, la rĂ©vĂ©rence. Votre corps droit. Un peu penchĂ© sur la cuisse gauche. Les jambes point tant Ă©cartĂ©es. Vos pieds sur une mĂȘme ligne. Votre poignet Ă lâopposite de votre hanche. La pointe de votre Ă©pĂ©e vis-Ă -vis de votre Ă©paule. Le bras pas tout Ă fait si Ă©tendu. La main gauche Ă la hauteur de lâĆil. LâĂ©paule gauche plus quartĂ©e [i] . La tĂȘte droite. Le regard assurĂ©. Avancez. Le corps ferme. Touchez-moi lâĂ©pĂ©e de quarte, et achevez de mĂȘme. Une, deux. Remettez-vous. Redoublez de pied ferme. Un saut [6] en arriĂšre. Quand vous portez la botte [7] , Monsieur, il faut que lâĂ©pĂ©e parte la premiĂšre, et que le corps soit bien effacĂ©. Une, deux. Allons, touchez-moi lâĂ©pĂ©e de tierce, et achevez de mĂȘme. Avancez. Le corps ferme. Avancez. Partez de lĂ . Une, deux. Remettez-vous. Redoublez. Un saut [8] en arriĂšre. En garde, Monsieur, en garde.
Réponse N°15 20950 1-Le comique de caractÚre ...
Par Idoubiya Rachid(Inspecteur)le 2012-05-06 00:44:42
MONSIEUR JOURDAIN.- Monsieur le Philosophe, Messieurs, Monsieur le Philosophe, Messieurs, Monsieur le Philosophe. Oh battez-vous tant quâil vous plaira, je nây saurais que faire, et je nâirai pas gĂąter ma robe pour vous sĂ©parer. Je serais bien fou, de mâaller fourrer parmi eux, pour recevoir quelque coup qui me ferait mal.
Réponse N°16 20951 4-Le comique de mots...
Par Idoubiya Rachid(Inspecteur)le 2012-05-06 00:47:19
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Et que sera donc la philosophie ? Je vous trouve tous trois bien impertinents, de parler devant moi avec cette arrogance ; et de donner impudemment le nom de science Ă des choses que lâon ne doit pas mĂȘme honorer du nom dâart, et qui ne peuvent ĂȘtre comprises que sous le nom de mĂ©tier misĂ©rable de gladiateur, de chanteur, et de baladin !
MAĂTRE DâARMES.- Je vous lâai dĂ©jĂ dit ; tout le secret des armes ne consiste quâen deux choses, Ă donner, et Ă ne point recevoir : et comme je vous fis voir lâautre jour par raison dĂ©monstrative, il est impossible que vous receviez, si vous savez dĂ©tourner lâĂ©pĂ©e de votre ennemi de la ligne de votre corps ; ce qui ne dĂ©pend seulement que dâun petit mouvement du poignet ou en dedans, ou en dehors.
MONSIEUR JOURDAIN, au MaĂźtre Ă danser.- Ătes-vous fou de lâaller quereller, lui qui entend la tierce et la quarte, et qui sait tuer un homme par raison dĂ©monstrative ?
Réponse N°17 20952 5-Le comique de situation...
Par Idoubiya Rachid(Inspecteur)le 2012-05-06 00:50:19
MONSIEUR JOURDAIN.- HolĂ , Monsieur le philosophe, vous arrivez tout Ă propos avec votre philosophie. Venez un peu mettre la paix entre ces personnes-ci.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Quâest-ce donc ? Quây a-t-il, Messieurs ?
MONSIEUR JOURDAIN.- Ils se sont mis en colĂšre pour la prĂ©fĂ©rence de leurs professions, jusquâĂ se dire des injures, et en vouloir venir aux mains.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- HĂ© quoi, Messieurs, faut-il sâemporter de la sorte ? et nâavez-vous point lu le docte traitĂ© que SĂ©nĂšque a composĂ©, de la colĂšre ? Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux, que cette passion, qui fait dâun homme une bĂȘte fĂ©roce ? et la raison ne doit-elle pas ĂȘtre maĂźtresse de tous nos mouvements ?
MAĂTRE Ă DANSER.- Comment, Monsieur, il vient nous dire des injures Ă tous deux, en mĂ©prisant la danse que jâexerce, et la musique dont il fait profession ?
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Un homme sage est au-dessus de toutes les injures quâon lui peut dire ; et la grande rĂ©ponse quâon doit faire aux outrages, câest la modĂ©ration, et la patience.
MAĂTRE DâARMES.- Ils ont tous deux lâaudace, de vouloir comparer leurs professions Ă la mienne.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Faut-il que cela vous Ă©meuve ? Ce nâest pas de vaine gloire, et de condition [11] , que les hommes doivent disputer entre eux ; et ce qui nous distingue parfaitement les uns des autres, câest la sagesse, et la vertu.
MAĂTRE Ă DANSER.- Je lui soutiens que la danse est une science Ă laquelle on ne peut faire assez dâhonneur.
MAĂTRE DE MUSIQUE.- Et moi, que la musique en est une que tous les siĂšcles ont rĂ©vĂ©rĂ©e.
MAĂTRE DâARMES.- Et moi, je leur soutiens Ă tous deux, que la science de tirer des armes, est la plus belle et la plus nĂ©cessaire de toutes les sciences.
MAĂTRE DE PHILOSOPHIE.- Et que sera donc la philosophie ? Je vous trouve tous trois bien impertinents, de parler devant moi avec cette arrogance ; et de donner impudemment le nom de science Ă des choses que lâon ne doit pas mĂȘme honorer du nom dâart, et qui ne peuvent ĂȘtre comprises que sous le nom de mĂ©tier misĂ©rable de gladiateur, de chanteur, et de baladin !
Réponse N°18 20966 Tout à fait juste
Par OMARI Abdellatif(CS)le 2012-05-06 15:41:38
En effet, vos extraits, cher Idoubya, illustrent parfaitement les formes du comique citées, et parallÚlement vous complétez ce que j'ai déjà avancé. Merci pour le partage cher ami et Merci d'avoir tenu à vos promesses. Comme je l'ai déjà annoncé, vous avez du souffle, une aubaine, profitez en bien pour nous régaler de vos interventions combien précieuses.
Tous mes respects
Réponse N°19 20987 Re
Par Idoubiya Rachid(Inspecteur)le 2012-05-07 11:55:27
Merci cher OMARI Abdellatif. C'est un plaisir de partager un travail en commun avec vous.
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