Texte-support: Contrôle- Continu n°3 4 C'est un chtiment de Dieu qui nous accable. Ce sont ces maudits bracelets qui ont semé le malheur dans notre maison. Pourquoi ne les vendrais-tu pas? -Je compte les vendre. Je vous laisserai cet argent pour vous nourrir pendant mon absence. Driss le teigneux nous reste fidèle, il viendra tous les jours pour faire les courses. Donne-lui à manger, il n'a personne. Mon père se recueillit un moment. -Je vous laisserai seul pendant un moins. Je tacherai de ne rien dépenser de mon salaire, il me sera possible de remettre l'atelier en marche dès mon retour. Un grand silence s'établit, un silence lourd, moite, huileux, et noir comme la suie. J'étouffais. Je désirais de toutes mes forces qu'une porte claqut, qu'une voisine pousst un cri de joie ou un gémissement de douleur, que quelque événement extraordinaire survînt pour rompre cette angoisse. Je voulais parler, dire n'importe quelle sottise mais ma gorge se serra et une plainte expira sur mes lèvres. Mes parents ne bougeaient pas, se transformaient peu à peu en personnages de cauchemar. Plus j'écarquillais les yeux pour les voir, plus ils devenaient fluides, insaisissables, tantôt transparent, tantôt d'un noir agressif, mais sans contour précis. Pour la première fois, j'eus la sensation du vide absolu, de la solitude sans miséricorde. Mon cœur se remplit de peine. Une boule dure se forma dans ma poitrine, gênant ma respiration. Je priai avec ferveur. Je me sentais abandonner aux portes de l'Enfer. Non, je n'ai pas oublié ces instants. Seigneur! Je me souviens. Je me souviens de cette solitude vaste comme les immenses étendues des planètes mortes, de cette solitude où le son meurt sans écho, les ombres se prolongent dans des profondeurs d'angoisse et de mort. Et le cœur qui saigne! Source intarissable de peine, torrent surchauffé par les feux de mes chagrins et de mes douleurs; cri de ma chair écrasée sous le poids de ta malédiction. Je n'étais qu'un enfant, Seigneur! |