Compte rendu d'une lecture! | ||
Jaafari Ahmed (Prof) [931 msg envoyés ] Publié le:2013-04-06 16:20:18 Lu :2424 fois Rubrique :Cours de philosophie 2 vote 4/5 L'individualisme « Gisèle Souchon» Individualisme: une pensée mal définie L'individualisme est un terme courant et souvent associé à la société moderne occidentale. C'est une pensée difficile à définir entre partisans et détracteurs. En effet, le terme est polysémique et a été utilisé pour désigner des attitudes envers la société très divergentes les unes des autres. Quelquefois, l'individualisme est caricaturé par des adversaires au point d'être déformé. L'individualisme est une philosophie d'apparition récente (au 19ème siècle) et son utilisation a été surtout péjorative au départ, qualifiant des comportements asociaux, un manque de civisme et de solidarité. L'individu est au centre de la philosophie individualiste L'individu présuppose en lui l'existence de la personne qu'il protège et exprime en jouant le rôle d'interface entre elle et l'environnement social. La personne est une vie intellectuelle à l'intérieur de l'individu, une conscience de soi qui permet à l'individu de s'apparaître à lui-même, de revenir sur lui-même. Cette réflexivité lui permet de s'autotranscender et de disposer d'un pouvoir de soi sur soi. L'individualisme s'enracine dans cette relation à soi qui est unique (propre à chaque individu) et qui fait de l'individu «doublement un sujet: un être qui existe au dedans de lui-même, dans une subjectivité qui le différencie irréductiblement des autres et un être qui est le support, l'auteur de ses choix et ses actes et dont il est par la suite responsable» Alain Laurent - Histoire de l'individualisme. Dans la philosophie individualiste, l'individu est considéré comme la seule réalité et il est pris comme principe de toute évaluation. La pensée individualiste se refuse à considérer les problèmes humains de façon collective. Elle ne reconnaît pas comme des entités véritables et autonomes les grands ensembles que sont les sociétés, les peuples, les nations ou l'humanité. Elle n'accepte de voir en eux que des sommes d'individus et n'accorde de valeur qu'à ces derniers. Cependant, l'individualisme ne s'oppose pas à la société mais au communautarisme. L'individualisme refuse de réduire l'individu à un «animal social», produit passif de déterminations collectives. L'individu doit «librement coopérer avec ses semblables et surtout ceux qu'il choisit» A. Laurent. L'idée est que: si les interactions entre individus sont logiques et harmonieuses, on peut aboutir à un ordre social spontané qui peut être encadré (et non imposé) par des principes d'organisation juridico-politiques protecteurs de la liberté individuelle et générateurs d'une société ouverte. Cet idéal rejette l'idée non pas de la société mais de la société fermée, construite selon le schéma hostile (en grec holos=un tout) qui place l'individu sous l'autorité de la communauté et qui le considère comme étant dépendant et subordonné de cette dernière. Cette vision hostile s'oppose à l'individualisme car elle nie la liberté individuelle. Or, l'individu étant unique et différent, il est impossible et dangereux de le réduire et de l'assimiler à un tout. C'est un être indépendant, propriétaire de sa vie, maître de sa liberté. Cette liberté lui permet de s'unir à d'autres et de collaborer avec eux à certaines tches et de respecter la liberté et les intérêts des autres individus puisqu'il est d'un intérêt personnel de ne pas nuire à l'intérêt des autres. La liberté individuelle est posée donc en valeur suprême. Cette reconnaissance rend légitime me droit de l'individu d'être l'acteur de sa propre vie et le créateur de son identité sans se la voir imposée par des appartenances non choisies. Donc, l'individualisme suppose une volonté continue d'émancipation des entraves extérieures qui s'opposent à la libre disposition de sa souveraineté personnelle (N.B: mais cette représentation de la liberté est constamment confrontée à un problème: Que faire lorsque la liberté d'un individu est confrontée à celle d'un autre? Comment limiter l'exercice de multiples libertés d'individus afin d'harmoniser sans imposer des normes et des contraintes de bon usage?) Manifestation de la liberté individuelle: Concrètement et en s'appuyant sur la connexion entre la liberté individuelle de choix, l'individualisme peut se manifester dans une société sous forme de liberté de posséder (droit de propriété), contracter, échanger, entreprendre, et concurrencer (économie de marché); la liberté de conscience religieuse; la liberté d'association et d'expression critique; la liberté en matière de mœurs (choix du conjoint et du mode de conjugalité, possibilité de célibat et de style de vie égocentrés, égalité des sexes, tolérance de la diversité des préférences sexuelles, affranchissement de la tutelle familiale, etc...) mais aussi la non obligation d'appartenir à vie à un seul groupe, la mobilité géographique, professionnelle et sociale et enfin la protection légale des droits individuels de propriété par ou face à l'état ainsi que la possibilité pour les individus-citoyens de contrôler celui-ci et de prendre activement part à l'exercice politique du pouvoir. Cependant, le développement de la liberté individuelle ne comportant pas en lui-même le principe de son bon usage, il y a parfois des dérives au nom de l'individualisme (l'individualisme post-moderne qui risque d'entraîner une «chaotique juxtaposition de conduites irresponsables» A.Laurent. Par exemple: - Le non respect des droits des autres - La non conscience des contraintes minimales impliquées par la vie en société ouverte. Pour conclure, Gisèle Souchon pense qu'il faut retenir la force de cette pensée changeante et diverse mais toutefois reposant sur une idée de départ stable: L'individu face à toute forme d'oppression «Il y aura des individualistes, dit-elle, tant qu'il y aura des individus épris de liberté et d'indépendance, capables de marcher à l'écart des troupeaux et de choisir leur propre chemin loin de la foule, de ses querelles et de ses modes. » Il convient de dire que l'individu s'épanouit dans un retour sur soi, une prise de conscience et une réappropriation de sa vie et de ses valeurs comme l'a recommandé Socrate «Connais-toi toi-même». Gisèle SOUCHON, ancienne élève de l'ENS de Fontenay-aux-Roses, est agrégée de philosophie et enseigne actuellement en classes préparatoires au lycée du Parc à Lyon. Elle doit soutenir prochainement une thèse de doctorat sur le thème de l'égoïsme et est également l'auteur d'un ouvrage intitulé Les grands courants de l'individualisme, publié chez A. Colin. 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