L'utilité d'enseigner la littérature dans la Faculté de demain

Préparé par : Siham AMAAYACH

2ème année au Doctorat Civilisations Francophones et Comparées

Université Hassan II -Mohammedia

FLSH Ben Msik Sidi Othman, Casablanca, Maroc

Comment les jeunes gens d'aujourd'hui peuvent ils réagir devant la littérature ? A ce propos, l'enseignement de la littérature dans les Facultés de demain risque de sembler à certains un peu aride voire dépourvu d'intérêt.

La littérature est pourtant une pensée vivante, pleinement engagée dans les débats de son temps. Elle pose des questions majeures, qui perdurent au fil des siècles et qui nous concernent encore directement aujourd'hui.

Pour faire apparaître l'intérêt et la richesse de la littérature, nous appuierons notre réflexion sur des œuvres littéraires de différentes zones géographiques.

Avant de répondre à la question posée, nous évoquerons une citation d'Antoine de Saint Exupéry dans son livre Le Petit Prince qui nous a beaucoup impressionnés. « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux ». D'après cette citation nous pouvons sentir la sensibilité que la littérature peut créer chez l'être humain.


La littérature devient un organe abstrait qui peut contrôler le monde concret. Ce pouvoir n'est pas aléatoire, mais il est motivé par la magie des mots.

Comment peut-on se passer du monde de la fable, des contes, des romans, des poèmes et des pièces de théâtre ?

Des exemples de l'héroïsme, de l'amitié, de la tartufferie et autres sont soigneusement offerts à un lecteur néophyte qui fait ses premiers pas dans la réalité.

La réponse à la question : « Est ce qu'il faut enseigner la littérature dans les Facultés de demain ? » semble évidente car la littérature, et sans beaucoup d'exagération, pourrait être comparée à l'oxygène que chaque individu doit respirer pour être capable d'affronter humainement les aléas de la vie.

Dans cette optique, la littérature nous présente des exemples précis sur le comportement de l'être humain. Ce dernier est en quelque sorte versatile. Seule la littérature est capable de le suivre dans ses différents changements.

A cet égard, Le héros bifurque vers un ami pour se métamorphoser finalement en un tartuffe. Nous pouvons déduire qu'aucune « science exacte » ne peut peindre avec précision les métamorphoses de l'âme comme le fait la littérature.

Cette dernière est un second poumon pour chaque être humain. Cependant, cette idée ne diminue aucunement la valeur des sciences. Elles doivent être enseignées pour participer à la formation de la personnalité de l'individu. Ce dernier doit être capable de comprendre les choses du monde concret mais cette science doit être ravivée par une grande sensibilité qui est l'apanage de la littérature.

Cette idée va être illustrée par nos différentes et personnelles lectures .On s'est tous identifié à des héros pour qui la sensibilité était à fleur de peau. On a pleuré avec eux, on a subi les mêmes malheurs qu'eux.

Nous pouvons considérer Kalila Wa Dimna d'Ibn Almouquaffaa comme un ouvrage écrit principalement sur l'amitié, car celle-ci y tient une place extrêmement importante.

Mais la principale question demeure : qu'est ce que l'ami, et à quoi sert il ? L'ami est d'abord celui qui fournit l'aide et le secours aux moments difficiles.

Donc la littérature montre que l'amitié devient le symbole de l'entraide, lorsque toute une fable, dont les protagonistes sont le corbeau, le rat, le cerf et la tortue, traite uniquement de ce sujet. Les quatre personnages sont successivement menacés d'un danger (un chasseur) et ils s'entendent pour sauver à tour de rôle celui qui est pris au piège.

La littérature nous a permis de comprendre que l'amitié n'est donc pas un luxe. C'est un besoin vital qui pourrait reconsidérer l'univers.

Passons maintenant à la folie psychologique de Juletane l'héroïne de Myriam Warner – Vieyra. Le destin du personnage éponyme représentait pour les lecteurs, abstraction faite de leurs sexes, une trahison qui laissait des bleus dans l'âme.

En outre, la violence physique et psychologique endurée par Mariama l'héroïne de Toiles d'araignées d'Ibrahima Ly était un cri de toutes les femmes du monde qui voulaient se libérer du pouvoir phallocratique de l'Homme.

Tout au plus, le récit autobiographique Jours de famine et de détresse de la belge Neel Doff est une peinture de chaque enfant qui souffre de la dureté de son destin. L'autobiographie a un enjeu moral et esthétique. Elle devient aussi l'expression d'un pouvoir guérisseur sans égal et les mille et un crime que devait commettre la réalité ont été évités par la volonté du personnage principal.

Enfin, la figure de Tartuffe, créature de Molière, est un aiguillon qui rappelle à l'être humain de s'éloigner du chemin de la candeur et de la confiance exagérée car dans ce monde il existe aussi des scélérats portant le masque de gens honnêtes.

Nous constatons qu'à part le côté esthétique de la littérature, cette dernière a aussi un côté pragmatique qui réside dans le fait qu'elle ouvre les yeux vers des horizons vastes et ensoleillés, là où le bien et le mal cohabitent harmonieusement.

Toutes les œuvres déclinent d'une façon ou d'une autre et sur tous les tons le caractère humain de cette terre utopique qu'est la littérature. En fait, la magie des mots n'est belle en soi, n'est désirable que parce qu'elle va être enseignée.

Pour conclure, nous pouvons dire que la place de la littérature sera toujours présente dans les Facultés de demain car sans elle l'être humain risque la mort de l'âme dans le brouhaha et le matérialisme de la vie quotidienne.

L'excipient de la littérature encourage les gens à croire à la vie malgré sa rudesse d'où la présence de cette connivence implicite, ce péché mignon, que tisse le lecteur avec son livre.

Cette connivence n'est que le fruit des récits, des commentaires, des clins d'œil rappelant à l'ordre le lecteur distrait .Tout cela rend impossible de ne pas savourer le goût des mots.

Donc, nous disons oui à l'enseignement de la littérature dans les Facultés de demain car cette décision va nous donner des générations équilibrées, attachées à la logique de la science et qui peuvent aussi voyager comme des albatros baudelairiens dans les nuées et devenir des messagers de la sensibilité et de la création artistique.



Pour citer cet article :
Auteur : AMAAYACH SIHAM -   - Titre : Lutilité enseigner la littérature dans la Faculté de demain,
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