texte maître chicot, l'aubergiste d'épreville, arrêta son tilbury devant la ferme de la mère magloire. c'était un grand gaillard de quarante ans, rouge et ventru, et qui passait pour malicieux. il attacha son cheval au poteau de la barrière, puis il pénétra dans la cour. il possédait un bien attenant aux terres de la vieille, qu'il convoitait depuis longtemps. vingt fois il avait essayé de les acheter, mais la mère magloire s'y refusait avec obstination. - j'y sieus née, j'y mourrai, disait-elle. il la trouva épluchant des pommes de terre devant sa porte. agée de soixante-douze ans, elle était sèche, ridée, courbée, mais infatigable comme une jeune fille. chicot lui tapa dans le dos avec amitié, puis s'assit près d'elle sur un escabeau. - eh bien ! la mère, et c'te santé, toujours bonne ? - pas trop mal, et vous, maît' prosper ? - eh ! eh ! quéques douleurs ; sans ça, ce s'rait à satisfaction. - allons, tant mieux ! […] chicot semblait gêné, hésitant, (Suite...)