l'entraînement aux exercices écrits en classe préparatoire prend deux formes:
- le résumé; déjà connu,
- l'essai littéraire ou rédaction. vous serez amené à reconnaître et à analyser les types de textes. que vous avez rencontrés au cours de vos études. nous rappellerons d'abord les critères qui permettent de les distinguer. nous proposerons ensuite une série d'exemples. enfin nous examinerons ceux que vous rencontrerez spécialement en classe préparatoire.

les types de textes

* critères de classement

l'auteur d'un texte, le locuteur d'un discours peuvent offrir différents types de production : un récit, un poème, un pamphlet, une information objective ou marquée par la subjectivité, etc. mais il le fait dans une intention qui oriente le texte ou le discours et lui imprime ses marques particulières.
on se propose donc de classer les textes, et spécialement les textes écrits, selon l'intention de l'auteur, par exemple
* un journaliste qui veut informer produit un texte informatif ;
* le règlement d'une école est un texte prescriptif ;
* un texte explicatif manifeste un souci d'expliquer (développer, éclairer, commenter), de présenter objectivement une question.
on distingue en outre textes argumentatifs et textes démonstratifs. les textes démonstratifs, familiers aux mathématiques, partent d'axiomes, et par une série de démarches aboutissent à des conclusions nécessaires. les textes argumentatifs, eux, partent d'une proposition que l'auteur considère comme vraie, et qu'il cherche à défendre par des arguments propres à convaincre un interlocuteur fictif ou réel. l'argumentation procède souvent par références implicites ou explicites (concessions, attaques, réfutations) à la thèse adverse.
précisons qu'on ne rencontre que rarement des textes à visée unique. par exemple, un article de presse est le plus souvent à la fois informatif et explicatif.

présentation des textes

textes informatifs
'lituanie' (le monde, 25 avril 1990)
u.r.s.s.
épreuve de force entre le kremlin et la lituanie
la lituanie s'est retrouvée pratiquement privée d'énergie jeudi 19 avril à la suite de la coupure totale par moscou des livraisons de pétrole et de la réduction de 85 % des livraisons de gaz. un porte-parole du gouvernement lituanien a annoncé la nouvelle sur les ondes de radio vilnius en lançant un appel dramatique à l'économie des ressources.

observer:
-le titre indiquant le thème et les adversaires ;
- les circonstances de, l'événement (temps, lieu) ;
- la précision et la concision dans l'énoncé ;
- l'absence de commentaires.

n.b. : les, titres qui donnent aux faits une portée politique présentent également une visée explicative.

article ibn khaldoun (petit robert ii)
ibn khaldoun (abu zayd abd ar-rahman ibn mohammad). historien et philosophe arabe (tunis, 1332 - le caire, 1406). il vécut d'abord en andalousie et en afrique du nord. ses missions politiques au service du sultan hafside (abu inan) lui valurent bien des péripéties. après le meurtre de son frère (yahya), il se rendit en egypte où il devint grand qadhi (cadi) malikite du caire (trois fois nommé puis démis). il voyagea en palestine, rencontra timur lang (tamerlan) à damas (1401). son oeuvre principale, kitab al-'ibar («livre des considérations sur l'histoire des arabes, des persans et des berbères»), est précédée d'une «introduction» - muqqaddima qui fait d'ibn khaldoun non seulement un historien capable de définir les méthodes de sa science, mais aussi un précurseur de la sociologie et un philosophe de l'histoire.

observation:
article biographique. mêmes observations que sur le texte précédent. ici les - informations sont suivies d'une appréciation sur la portée de l'oeuvre (dernière phrase, explicative).

textes explicatifs

extrait d'un manuel de littérature : «qu'est-ce que la tragédie ?»
dans lettres ou le néant, édition ellipses, 1987.
qu'est-ce que la tragédie ?
le sens courant n'est pas très éloigné du sens littéraire : le terme apparaît fréquemment à la une des journaux, « la tragédie du boeing sud- coréen» ; le monde entier est spasmodiquement secoué par des tragédies, des événements au caractère brutal, déchirant et irréversible. l'homme ne domine pas un événement tragique, il est dépassé par lui. l'histoire du genre tragique commence à cet instant: l'homme qui vit une tragédie, qui est submergé par elle, se met à la raconter pour parvenir à la cerner, à la dominer, ne serait-ce que par la parole. il met en scène les différents protagonistes du drame et fait ainsi naître la tragédie littéraire.
histoire de la tragédie
deux époques ont particulièrement favorisé l'épanouissement du genre tragique : le ve siècle de la grèce antique et le siècle de louis xiv en france.
la tragédie antique
tragédie vient probablement du grec «tragos» : le bouc. la tragédie est, en effet, le chant religieux dont on accompagnait, en grèce, le sacrifice d'un bouc aux fêtes de dionysos. c'est à athènes que se situent les concours publics au cours desquels les poètes chantaient les événements tragiques de la vie des dieux ou des grands personnages. la tragédie, selon la poétique d'aristote, doit inspirer la terreur et la pitié au spectateur.
trois auteurs ont particulièrement marqué la tragédie antique : eschyle, sophocle et euripide.
si, apparemment, la tragédie classique s'inspire considérablement de la tragédie antique, dont elle reprend les personnages et les thèmes, elle en diffère dans sa nature profonde.

observer:

* l'organisation typographique (titre, sous-titre, paragraphes)
* le souci qu'a l'auteur:
- de définir une notion pour des adolescents dont la culture est surtout celle des «médias» ;
- de l'exposer selon une perspective (historique, temporelle).

textes démonstratifs

extrait de l'astronomie populaire de camille flammarion, 1880.

« le calcul de la quantité dont la lune tombe vers la terre en une seconde ».
« voici comment s'effectue le calcul de la quantité dont la lune tombe vers la terre en une seconde de temps : la terre étant sphérique, et la longueur de la circonférence d'un de ses grands cercles (méridien ou équateur) étant de 40 millions de mètres, l'orbite de la lune, tracée par une ouverture de compas égale à 60 fois le rayon de la terre, aura une longueur de 60 fois 40 millions de mètres ou 2400 millions de mètres. la lune met à parcourir la totalité de cette orbite 27 jours 7 heures 43 minutes 11 secondes, ce qui fait un nombre de secondes égal à 2.360.591. en divisant 2.400.000.000 mètres par ce nombre, on trouve que la lune parcourt dans chaque seconde 1017 mètres, un peu plus d'un kilomètre.
pour en conclure la quantité dont la lune tombe vers la terre en une seconde, supposons qu'elle se trouve au point marqué l (figure), à un certain moment, la terre se trouvant au point marqué t. lancée horizontalement de la droite vers la gauche, la lune devrait parcourir la ligne droite la si la terre n'agissait pas sur elle ; mais au lieu de suivre cette tangente, elle suit l' arc lb.
supposons que cet arc mesure 1017 mètres : ce serait le chemin parcouru en une seconde. or, si l'on mesure la distance qui sépare le point a du point b, on trouve la quantité dont la lune est tombée vers la terre en une seconde, puisque, sans l'attraction de la terre, elle se serait éloignée en ligne droite. cette quantité est de 1,353 mm, c'est-à-dire à peu près 1 millimètre 1/3.
eh bien, si l'on pouvait élever une pierre à la hauteur de la lune et, là, la laisser tomber, elle tomberait précisément vers la terre avec cette même vitesse de 1 mm 1/3 dans la première seconde de chute. la pesanteur diminue à mesure qu'on s'éloigne du centre de la terre, en raison inverse du carré de la distance, c'est-à-dire de la distance multipliée par elle-même. ainsi, à la surface de la terre, une pierre qui tombe parcourt 4 mètres 90 centimètres dans la première seconde de chute. la lune est à 60 fois la distance de la surface au centre de la terre. la pesanteur est donc diminuée, en ce point, de 60 x 60, ou 3600. pour savoir de quelle quantité tomberait en une seconde une pierre élevée à cette hauteur, il nous suffit donc de diviser 4,90 m par 3600. or 4900/3600 = 1,353 mm, c'est-à-dire juste la quantité dont la lune s'éloigne par seconde de la ligne droite.
pourquoi la lune ne tombe-t-elle pas tout à fait? parce qu'elle est lancée dans l'espace comme un boulet. tout autre corps, boulet ou autre, lancé avec la même vitesse, à cette distance de la terre, ferait exactement comme la lune'.

observation : l'objectif étant fixé (le calcul à faire), le texte part de données admises (mesures du méridien terrestre et de l'orbite lunaire). cette démonstration progresse
* par suppositions (si, supposons que);
* par comparaison (avec la chute d'une pierre);
* par déductions, repérables aux mots de liaison (donc, ainsi, or);
* et se termine par une vérification du calcul initial.

textes argumentatifs

'une civilisation matérielle', texte extrait d'un essai de rené guénon, la crise du monde moderne, gallimard, 1946.

une civilisation matérielle
les hommes de notre époque prétendent[... ] accroître leur «bien-être»; nous pensons, pour notre part, que le but qu'ils se proposent ainsi, même s'il était atteint réellement, ne vaut pas qu'on y consacre tant d'efforts ; mais, de plus, il nous semble très contestable qu'il soit atteint. tout d'abord, il faudrait tenir compte du fait que tous les hommes n'ont pas les mêmes gouts ni les mêmes besoins, qu'il en est encore malgré tout qui voudraient échapper à l'agitation moderne, à la folie de la vitesse, et qui ne le peuvent plus ; osera-t-on soutenir que, pour ceux-là, ce soit un «bien-fait» que de leur imposer ce qui est le plus contraire à leur nature ? on dira que ces hommes sont peu nombreux aujourd'hui, et on se croira autorisé par là à les tenir pour quantité négligeable ; là, comme dans le domaine politique, la majorité s'arroge le droit d'écraser les minorités, qui, à ses yeux, ont évidemment tort d'exister, puisque cette existence même va à l'encontre de la manie «égalitaire» de l'uniformité. mais, si l'on considère l'ensemble de l'humanité au lieu de se borner au monde occidental, la question change d'aspect : la majorité de tout à l'heure ne va-t-elle pas devenir une minorité ? aussi n'est-ce plus le même argument qu'on fait valoir dans ce cas, et, par une étrange contradiction, c'est au nom de leur «supériorité» que ces « égalitaires » veulent imposer leur civilisation au reste du monde, et qu'ils vont porter le trouble chez les gens qui ne leur demandaient rien; et, comme cette «supériorité» n'existe qu'au point de vue matériel, il est tout naturel qu'elle s'impose par les moyens les plus brutaux [...]

quelle singulière époque que celle où tant d'hommes se laissent persuader qu'on fait le bonheur d'un peuple en l'asservissant, en lui enlevant ce qu'il a de plus précieux, c'est-à-dire sa propre civilisation, en l'obligeant à adopter des moeurs et des institutions qui sont faites pour une autre race, et en l'astreignant aux travaux les plus pénibles pour lui faire acquérir des choses qui lui sont de la plus parfaite inutilité ! car c'est ainsi : l'occident moderne ne peut tolérer que des hommes préfèrent travailler moins et se contenter de peu pour vivre ; comme la quantité seule compte, et comme ce qui ne tombe pas sous le sens est d'ailleurs tenu pour inexistant, il est admis que celui qui ne s'agite pas et qui ne produit pas matériellement ne peut être qu'un « paresseux » ; sans même parler à cet égard des appréciations portées couramment sur les peuples orientaux, il n'y a qu'à voir comment sont jugés les ordres contemplatifs, et cela jusque dans des milieux soi-disant religieux. dans un tel monde, il n'y a plus aucune place pour l'intelligence ni pour ce qui est purement intérieur, car ce sont là des choses qui ne se voient ni ne se touchent, qui ne se comptent ni ne se pèsent; il n'y a de place que pour l'action extérieure sous toutes ses formes, y compris les plus dépourvues de toute signification. aussi ne faut-il pas s'étonner que la manie anglo-saxonne du « sport » gagne chaque jour du terrain: : l'idéal de ce monde, c'est l'animal humain qui a développé au maximum sa force musculaire; ses héros, ce sont les athlètes, fussent-ils des brutes ; ce sont ceux-là qui suscitent l'enthousiasme populaire, c'est pour leurs exploits que les foules se passionnent ; un monde où l'on voit de telles choses est vraiment tombé bien bas et semble bien près de sa fin.

cependant, plaçons-nous pour un instant au point de vue de ceux qui mettent leur idéal dans le « bien-être » matériel, et qui, à ce titre, se réjouissent de toutes les améliorations apportées à l'existence parle « progrès » moderne ; sont-ils bien surs de n'être pas dupes ? est-il vrai que les hommes soient plus heureux aujourd'hui qu'autrefois, parce qu'ils disposent de moyens de communication plus rapides ou d'autres choses de ce genre, parce qu'ils ont une vie agitée et plus compliquée ? il nous semble que c'est tout le contraire,: le déséquilibre ne peut être la condition d'un véritable bonheur.

observation :texte argumentatif

* une thèse adverse est posée, puis combattue tout au long du texte ;
- l'auteur exprime ses jugements, par exemple
- début du paragraphe 1 : «le but qu'ils se proposent [...] ne vaut pas qu'on y consacre tant d'efforts» ;
- fin du paragraphe 2 : «un monde où l'on voit de telles choses est vraiment tombé bien bas».
* il oriente le lecteur en devançant les objections éventuelles (milieu du paragraphe 1 : «on dira que ces hommes [...]. mais, si l'on considère») et en soulignant les arguments favorables à sa conclusion ;
* il conduit à une conclusion logique, qu'on ne peut refuser qu'en discutant et en réfutant ses arguments (vous pouvez le faire)

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Pour citer cet article :
Auteur : coll -   - Titre : exercices écrits aux cpge,
Url :[https://www.marocagreg.com/doss/cpge/exercices.php]
publié le : 2012/10/05 20:54:10

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