à propos du concept de compétence


OMARI Abdellatif (?) [176 msg envoyés ]
Publié le:2012-05-24 18:02:52 Lu :1908 fois
Rubrique :Etudes littéraires et questions pédagogiques  
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OMARI Abdellatif (Prof)



Dans une fiche pédagogique, on signale, généralement, le n° de la séance, l'activité, le support, le niveau, la durée, voire le mode d'exécution et impérativement des expressions comme «capacité visée» ou «compétence visée» ou même encore «objectif visé», et on fait suivre cette expression d'un intitulé qu'on considère comme le but à réaliser (ex : reconnaitre les caractéristiques de la tonalité pathétique, assimiler les indices de la focalisation Zéro, savoir élaborer le compte rendu de lecture, etc.).

Tout d'abord on doit s'interroger sur l'origine de cette notion en vogue actuellement dans les fiches pédagogiques «capacité». Pour ceux qui l'ignorent, nous disons tout simplement que dans l'enseignement par «compétences», Philippe Perrenoud, n'évoque pas le mot «compétences» sans évoquer deux autres mots, à savoir «capacités» et «connaissances» et qu'il appelle «ressources» ou «ressources cognitives». Par le mot «capacité», Ph.Perrenoud entend des actes tels que ceux d'écrire, de lire, de compter, de raisonner, de résumer, de comparer, d'observer, de dessiner, etc., et par le mot «connaissances» ou «connaissances disciplinaires», il entend les disciplines telles que les mathématiques, l'histoire, la science, la géographie, etc. En ce sens, lorsque nous comptons enseigner une leçon, nous ne devons pas signaler devant l'expression «capacité visée» le titre de la leçon que l'enseignant compte étudier avec ses élèves (reconnaitre les caractéristiques de la tonalité pathétique, assimiler les indices de la focalisation zéro, élaborer le compte rendu de lecture, etc.) mais plutôt, et selon la leçon à étudier, les notions de «apprendre à rédiger», «apprendre à raisonner», «apprendre à résumer», «apprendre à comparer», «apprendre à observer», etc. Voilà déjà une confusion sur le mot «capacité», et si ces notions existent dans notre esprit, ce sont elles qui sont souvent considérées comme les «compétences» visées (apprendre à compter pour apprendre à résoudre des problèmes, apprendre la grammaire pour apprendre à rédiger un texte.). Le problème grave, c'est lorsqu'on utilise l'expression «compétence visée» et qu'on lui impute un titre d'une activité quelconque (compétence visée : reconnaitre les caractéristiques de la tonalité pathétique.). Pourquoi c'est grave? Pour la simple raison qu'une compétence ne s'enseigne pas en classe, ce qui s'enseigne ce sont les «capacités» et les «connaissances» qui seront un jour au service d'une compétence. Qu'est-ce qu'alors une «compétence» ? Une «compétence» est en rapport direct avec la vie, c'est lorsque l'apprenant (ou celui qui a déjà appris des capacités et des connaissances) se voit confronté dans son quotidien devant une situation complexe ou situation problème et parvient à mobiliser ses acquis avec pertinence et efficacité pour s'en sortir. La mise en synergie de ces ressources (capacités et connaissances) dans des situations complexes et précises de la vie par l'apprenant est ce qu'on appelle alors une «compétence».

Dans l'une de ses définitions du concept de «compétence», Perrrenoud dit : «Une compétence est la faculté de mobiliser un ensemble de ressources cognitives (savoirs, capacités, informations, etc.) pour faire face avec pertinence et efficacité à une famille de situations». Selon cette définition, il y a compétence de la part d'une personne ordinaire lorsque cette personne, devant une situation de la vie, transfère et mobilise son savoir accumulé, et dans un laps de temps, pour sortir indemne de cette situation. On peut alors s'interroger maintenant dans quelle mesure les capacités que nous signalons dans nos fiches, et que les apprenants vont bientôt acquérir, seraient plus liées à des contextes culturels, à des métiers, à des conditions sociales, à la famille, à la cité, etc. ; car selon Philippe Perrenoud, la description des compétences doit partir de l'analyse des situations et de l'action et en dériver des connaissances et remarque que durant la scolarité on apprend des capacités et l'on assimile des connaissances disciplinaires, mais l'école n'éprouve pas le besoin de relier ces ressources à des situations précises de la vie. Cependant, quelles sont ces situations complexes auxquelles sont ou seront confrontés les gens ordinaires? Perrenoud dit que les êtres humains ne sont pas tous confrontés aux mêmes situations et qu'ils développent des compétences adaptées à leur monde. Mais beaucoup de ces situations complexes restent communes à la majorité des pays, et à notre connaissance, elles doivent figurer dans nos fiches, ou du moins doivent être présentes préalablement dans notre esprit, avant la conception des ingrédients des capacités et des connaissances :

Séance n° ?

Niveau : ?

Activité : le nom de l'activité : le titre de l'activité

Support : ?

Capacité visée : ?

Compétence visée : devenir chômeur


Perrenoud cite un grand nombre de compétences visées telles «être un handicap», «être un dissident», «être un migrant», «être un jeune des banlieues», etc.


Question :

Quelle serait alors l'une des capacités ou des connaissances à faire acquérir aux apprenants et que lorsqu'ils vont la transférer et mobiliser avec pertinence et efficacité (en synergie avec d'autres ressources, sans doute), ils vont faire acte de compétence en faisant face à la situation du chômage ?


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